Gauchers, l'Histoire

Les croyances et les superstitions.

En Europe, pendant des siècles, l’église catholique a accusé les gauchers d’être des suppôts de Satan. D’ailleurs, dans l’Evangile, il est dit que Dieu séparera les bons des méchants en plaçant les uns à sa droite et les autres à sa gauche (Devinez lesquels…) : « Il mettra les brebis à sa droite et les boucs à sa gauche. Alors le roi dira à ceux qui sont à sa droite : prenez possession du royaume qui vous a été préparé dès la fondation du monde… Ensuite il dira à ceux qui seront à sa gauche : retirez-vous de moi, maudits, allez donc dans le feu éternel qui a été préparé pour le diable et ses anges. » - Matthieu, XXV, 33 à 41… Alors, cela vous fait froid dans le dos, n’est-ce pas ? C’est certain, Dieu n’était pas gaucher… Depuis ce temps-là, la gauche est malsaine et le bouc et ses pieds fourchus représentent le malin.

Dans les pays arabes, pour les musulmans, la main droite est celle de la pureté, la gauche celle des gestes impurs (se laver les parties intimes et se torcher les fesses par exemple).

Au Japon, le fait d’être gauchère  pour une femme a longtemps été un motif de divorce.

Les femmes Maori tissent leurs habits de cérémonie de la main droite de crainte que la main gauche ne profane le vêtement. Au Niger, les femmes n’ont pas le droit de se servir de leurs mains gauches pour faire la cuisine. (C’est pratique !)

Par contre, il semblerait qu’au Soudan, le gaucher détienne plus de force dans sa main gauche qu'un droitier avec sa main droite. Il est dit que lors de travaux en commun, le gaucher aurait plus vite terminé et que pour un semis par exemple, il rapporterait davantage en récolte… Les exceptions font du bien !

Les faits historiques

Apparemment (parce que les avis divergent un peu), dans l’art de la guerre, on tenait l’arme d’attaque (lance, épée) de la main droite et le bouclier (ou écu) dans la main gauche. Pourquoi la gauche me direz-vous ? Eh bien, pour protéger le cœur, organe vital ! Cette version se tient et me plait bien, j’en arriverai presque à excuser le complot !

Petit aparté sur le coté de circulation des véhicules aujourd’hui. Pourquoi roulent-on à droite dans certains pays et à gauche dans d'autres ? A l’époque des Romains, le soldat à pieds marchait à droite des chemins avec son grand bouclier porté à gauche pour se protéger de l’adversaire éventuel venant en face. Soit à droite comme en France… Au début, les Anglais et les autres peuples d'Europe avaient les mêmes raisons de garder leur droite. Mais la situation change au Moyen Age. A l'époque, les chevaliers (circulant à cheval) portaient leurs épées du côté gauche pour dégainer plus facilement de la main droite. Ils circulaient donc à gauche pour éviter que leurs épées ne s'entrechoquent lors d’un croisement avec un autre cavalier. Vient alors la Révolution française. Par réaction contre une « habitude » chrétienne et royaliste, et parce que le combat est de moins en moins rapproché (il y a moins de cavaliers en épées et plus d’armes à feu), la circulation à gauche est abandonnée au profit de la droite. Depuis 1789, le coté de circulation n’est plus régit par aucune logique. Les trains, eux, roulent à gauche, même en France…

Revenons à nos moutons… ou plutôt à nos boucs (je rigole !). Ce qui est paradoxal, c’est qu’il faut attendre la première guerre mondiale (1914-1918) pour qu’enfin les gauchers entrevoient une lueur d’espoir. En effet, la guerre a fait des millions de morts mais aussi des centaines de milliers de droitiers mutilés, contraints d’utiliser leur main gauche pour leur retour dans la vie civile. Cela a permis d’obtenir l’autorisation d’utiliser cette main gauche jusque-là interdite et dont les gauchers "naturels" vont pouvoir profiter… La révolution de 1789 aurait pu être aussi la révolution des gauchers ! Aujourd’hui, le gaucher pourrait parfaitement être confondu avec un droitier, il ne revendique rien (ça c’est moins sûr après avoir écrit ou lu ces lignes) et s’accommode de tout. C’est à peine si on le voit, à part quand un droitier est à gauche d’un gaucher sur une table de deux personnes à l’école. Ça joue des coudes et finalement la « normalité » l’emporte. Le droitier gagne, quoi…


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